... le temps passe à une telle vitesse !

Cela va si vite que l'on ne s'en rend pas vraiment compte, à part à des moments bien précis, lors d'évènements particuliers qui marquent suffisamment le temps, pour que l'on s'aperçoive qu'il avance.

Ce week-end, j'ai vécu un de ces instants qui laissent une empreinte dans la ligne de temps que l'on suit sans la remarquer.

Notre nouvelle pensionnaire, cette petite boule de poil, toute mignone et gentille, est arrivée et nous a tout de suite adoptés.

Vous me direz, cela n'a rien de transcendantal pour la courbure du temps !

Et pourtant ...

Mais attendez, j'y viens !

Vendredi soir, j'enfilais ma tenue "d'hétéro" pour faire du réseautage.

Ce fût très agréable, car la compagnie était bonne et je n'étais pas peu fier de constater que malgré ma longue pose "professionnelle", je n'ai rien perdu de mes capacités d'adaptation, ni de mes compétences.

Mais là n'est pas le sujet.

Histoire de plaisanter, j'annonçais à une de mes amies que j'allais quelques heures plus tard, "devenir grand-père".

D'abord surprise, elle y a cru quelques instants, avant que je ne précise qu'il s'agissait de la boule de poil dont le "papa" est officiellement mon fils, ce qui fait de moi le "grand-père".

Boutade anodine, mais qui ne fut pas sans effet, puisque s'en suivi une conversation courte mais bien réelle sur le fait que je ferai un jeune grand-père, mais que la réalité est là, ce n'est pas chose impossible.

Puis dimanche dans l'après-midi, alors que je préparais l'arrivée de cette boule de tendresse, le ressac est arrivé.

Dans quelques mois, je vais entrer dans une nouvelle ère, celle de ceux, selon la règle mathématique des arrondis à l'unité la plus proche, "qui vont avoir 50 ans" et quitter celle de ceux, toujours selon la même règle, "qui viennent d'avoir 40 ans".

Et là, une enfilade de pensées s'est imposée.

Comme une rétrospection autobiographique et une prospection dans le futur.

Je n'ai jamais eu un physique de jeune premier, même s'il fut une époque où je n'étais pas si mal que ça, mais cela ne m'a pas empêché d'avoir la chance de vivre une première moitié de vie (en espérant qu'il m'en reste encore une deuxième moitié d'environ la même durée) plutôt chanceuse et heureuse dans certaines phases, mais malgré des périodes bien noires, je dirais que le bilan est plutôt positif dans son ensemble.

Aujourd'hui, physiquement, mon corps a pris de l'avance sur mon calendrier officiel ce qui fait que les années sont généreuses et que le décalage est flagrant.

Côté professionnel, j'ai fait un assez joli parcours, atypique certes, mais j'avais, sans pourtant avoir un caractère arriviste et carriériste, eu la chance de croiser les bonnes personnes au bon moment et ainsi j'ai pu arriver à un niveau de poste, de responsabilités et de salaire, très avancés.

Après les vicissitudes que la vie a posé sur ma route, je me suis lancé à mon compte très récemment et même si je sais qu'il faut du temps pour qu'une affaire démarre, je me demande si j'ai bien fait.

Mais ça, l'avenir le dira.

Côté sentimental, cela va bientôt faire 6 ans que je cherche le prince charmant et si je veux être honnête avec moi-même, je dois bien avouer que bien que n'ayant pas totalement perdu tout espoir, je n'y crois plus vraiment.

Tout cela fait que lorsque j'essaye de me projeter dans le futur, même si d'un point vue professionnel et sentimental, je dois repartir à zéro et me reconstruire totalement, il n'en reste pas moins que physiquement les freins sont là et que l'image présente dans l'inconscient collectif et lié à mon âge n'est pas là pour faciliter les choses.

J'ai beau mentalement me sentir parfois comme un adolescent par mes capacités de lâcher prise pour profiter du moment présent, il n'en reste pas moins que notre société étant régie par le dictat des chiffres, les écarts se font de plus en plus grands.

Si je prends mes loulous, les premiers que j'ai croisé, j'avais un peu plus d'une vingtaine d'années de plus qu'eux, je les ai vu grandir, devenir majeurs, certains sont maintenant mariés, et je serai peut être un jour parrain. Mais si je les croisais aujourd'hui, l'écart serait de presque 30 ans.

Vous me direz que ce n'est pas la fin du monde et qu'un grand frère de 30 ans son ainé, c'est somme toute assez courant.

Mais lorsque, je suis contacté dans un supermarché de la quéquette par un petit jeune de 18 ans, les presque 30 ans d'écart sont là, et c'est assez déstabilisant, même si parfois, il est possible de se demander lequel de nous deux à "l'âge mental" le plus bas.

Alors, il est vrai que même si aujourd'hui, avoir mon âge, c'est encore être "jeune", il n'en reste pas moins vrai que le temps passe à une vitesse folle et qu'il est impossible de s'en rendre compte.

Cette évidence est probablement du aux décalages entre nos différents âges (officiel, mental, ...) et au fait que notre société moderne avec ses outils nous permettant d'être en contact avec des gens de tous horizons et de tous âges, nous sommes amenés à nous adapter à nos interlocuteurs.

Il n'en reste pas moins que le compteur tourne et que les écarts grandissent, et même si je fais partie de ceux qui pensent que l'âge n'a aucun effet sur le relationnel entre les gens, mais que c'est une question de caractères et d'affinités, je m'aperçois que je n'échappe pas à un auto-questionnement sur ses aprioris que j'ai toujours combattus.

Je n'ai pas pour autant changé d'avis, sur ce point, mais il est vrai que ce fameux écart d'âge, commence en fait à me faire peur.