• Il court, il court le furet ...

    furet

     

    3ème dimanche de suite que j'essaye de croiser à nouveau le chemin de Jérémie (quoi tu ne te souviens plus ! c'était LA !).

    Me voilà donc propre et beau comme un sou neuf encore en circulation, garant ma totomobile à l'ouverture du parking, pas loin de l'entrée du sas qui mène à l'ascenseur.

    Pourquoi pas loin ?

    Ben, pardi ! C'est pour pouvoir le surveiller, le sas bien sûr, assis au chaud dans ma voiture.

    Top chrono, je reluque pendant trente minutes et après je vais faire mes courses.

    Bien évidemment, en une demi heure tu en vois passer du monde, mais pas le beau Jérémie.

    Donc tu finis par sortir de ta voiture et tu prends la direction de l'ascenseur, l'air triste et la tête penchée à cause de tout le malheur du monde ta connerie de putain de tête en l'air à la con que t'as pas pensé à prendre son numéro la première fois que c'est tellement lourd que tu peux pas tenir ta tête droite.

    Bon, on ne sait jamais, tu fais tout de même des efforts surhumains pour lever le front où y'a imprimé connard en gros, gras et en relief et tu espère que le beau Jérémie passera dans le cadrage de tes rétines.

    Tu finis tes courses et tu te maudit, mais tu finis par rentrer chez toi, le cœur gros.

    Et tu trouves que le reste de la journée, c'est long !

    Et que la semaine qui suit, c'est long aussi, vu que t'es persuadé que cette salope de la vie va forcément te remettre sur le chemin de l'espoir le dimanche suivant.

    Donc le dimanche suivant, tu recommence, mais cette fois tu te dis que tu vas attendre une heure avant de te lancer dans les allées du marché, que t'avais pas réalisé que franchement c'est vraiment trop grand et que tu peux pas tout surveillé.

    Mais, bon, la chance n'est pas avec toi et une fois de plus tu rentre bredouille, à la limite de la déprime totale et que même que heureusement que t’habite pas au quinzième étage d'une tour parce que sinon tu te balancerais bien par la fenêtre pour voir si ça calme !

    Et encore sept jours qui passent tout, mais alors tout doucement !

    Le dimanche suivant, c'est aujourd'hui, tu te dis que c'est la dernière chance que tu laisse à cette saloperie de superconnasse de la vie pour te livrer sur un plateau, le mec idéal.

    Donc tu te prépare, tu refais le planton et une fois de plus, tu prends l'ascenseur pour aller déambuler l'âme en peine dans le marché, en maudissant le hasard et surtout ton crétinisme avancé.

    Tu fais tes courses, en trainant des pieds, en te disant qu'aider la chance, un peu, ça peut aider.

    Mais t'as beau étirer le temps nécessaire à faire tes achats en faisant celui qui regarde les étalages et surtout les gens qui sont dans les allées, rien n'y fait, le beau Jérémie n'est pas là !

    Donc, tu te dis que la vie est pourrie, que t'as pas le mojo, que t'as même carrément la poisse, l'oeil sur toi et que tu finira vieux, tout seul et que c'est pas juste et même carrément dégueulasse, mais que t'as plus qu'à rentrer à la maison.

    Tu mets le chariot dans la voiture, tu t'assieds, tu fais vroum vroum, tu allume les loupiotes et tu vas pour avancer, quand t'as une voiture qui se glisse sur le côté avec son clignotant pour te prendre la seule place que c'est toi qui la libère dès que tu te sera barré.

    Tu avances et dès que t'as dégagé la place, la voiture qui attendait s'y colle.

    Tu vas pour sortir de l'allée du parking, mais comme y'a quinze mille crétins qui bloquent le passage, persuadés qu'ils sont, qu'ici même va y avoir un miracle et que des places libres vont apparaîtrent par magie, tu fais comme tout le monde t'attends que la lumière jaillissent dans leurs cerveaux dégénéressants et qu'ils se décident à ressortir du parking.

    Tu peste, tu fulmine, t'en veux à la terre entière et là, tu vois dans le rétro, une silhouette, celle du conducteur de la voiture qui a pris ta place, qui se rapproche et qui se dirige vers le sas de l'ascenseur.

    Ca à l'air pas mal, autant se rincer l'oeil, vu que tu peux pas bouger ta caisse !

    Aaaaaaaahhhhh ! Maaaaaaiiiiiissss eeeeuuuuuuhhhhh ! C'est Jérémie.

    Vive les vitres électriques, tu l'interpelles.

    "Tiens ! Maxivirus ! Salut !"

    Aaaaaaah ! Il se souviens de mouaaaaaaah !!!!

    "Tu viens tard dis-donc !"

    Mais espèce de connard endimanché tu pouvais pas trouver autre chose à lui dire qu'une banalité aussi conne ?

    Et là, tu maudit la création toute entière et l'infinie saloperie de la vie parce que les crétins ont eu une illumination et que les voitures elles avancent et que tu te fais klaxonner parce que cette fois c'est toi qui gêne !

    Vite une idée, vite une idée !

    "Dimanche prochain on se retrouve ici à 8h00, ok ?"

    Bon, c'est pas de la grande littérature, mais au moins c'est efficace, pourvu qu'il dise oui !

    "Ok !"

    Putain ! La vie est pas si salope que ça !

    Mais je sens que la semaine va être longue, très longue !

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