La lune commençait à pousser le soleil dans ses retranchements.

La clarté diurne s'évaporait doucement, laissant place à une myriade de couleurs pastels qui petit à petit s'assombrissaient.

Un léger vent propulsait doucement le sable soulevé par les pieds des amants qui laissaient derrière eux les marques de leur passage sur cette grève léchée délicatement par les flux et reflux de l'océan s'installant pour la nuit.

Plus une âme à perte de vue.

Ils étaient seuls, errant main dans la main, au gré de leurs pas.

Des mots doux déposés aux creux de l'épaule, des sourires complices, des regards flamboyant de passion, ils étaient amoureux et cet amour éclatait en une sorte de halo les entourant.

La lune comme pour les guider, tel un technicien scénique jouant de son projecteur, leur indiquait le plus parfait des endroits au milieu de cette étendu de sable fin, pour poser l'immense serviette de plage qu'ils avaient emmené avec eux.

 Moment privilégié, où les envies prennent naissance.

Assis face à face, se mirant chacun dans le regard de l'autre, au beau milieu de cette pénombre lunaire qui laissait apparaître les étoiles qui brillaient se reflétant sur les rétines.

Moment fugace de bonheur qui contribue au bonheur de la vie.

Une main caressant un visage avec toute la douceur dont elle est capable.

Un petit baiser sur les lèvres posé.

Comme une étincelle mettant le feu à une trainée de poudre.

Vient alors, un nouveau baiser, plus intense, plus charnel.

Les bras encagent, les corps se pressent l'un contre l'autre.

Seuls au milieu de cette étendue, accompagné du léger bruissement des vaguelettes discrètes.

L'envie se fait plus forte, le désir commence à se faire sa place.

Les corps s'allongent, les jambes se croisent.

Sous l'œil bienveillant de la lune, les vêtements s'envolent en douceur, tout en sensualité dans une chorégraphie naturelle.

Les peaux se touchent, les corps se collent l'un à l'autre.

L'effeuillage est total, la nudité parfaite.

Les peaux s'appellent l'une l'autre, le désir est à son apogée.

L'amour est là et va sous peu s'exprimer dans une suavité et une sensualité parfaites, avec pour seuls témoins l'océan que l'on devine devant grâce à ses trainées de lune argentées qui oscillent au gré des vibrations de l'eau et derrière cet immense rocher surplombant la falaise et marquant chaque jour la plage de son ombre impressionnante ressemblant à ce monstre légendaire dont la plage porte le nom.

Les doigts se croisent et s'entremêlent, les peaux frissonnent, les souffles sont chauds.

Les corps se meuvent, les sensations parcourent les échines.

Les plis de la serviette, le sable qui se déplace dessous, tout épouse les mouvements, marquant le sol du partage.

Le plaisir est partout.

Les peaux perlent de ces larmes salées marbrant les épidermes preuves de l'intensité de l'instant.

Fusion des corps scellant le pacte des âmes.

Vient le bouquet final, explosion de plaisir, intensité extrême.

Les corps retombent, épuisés par l'effort, emplis de sensations, heureux comme jamais.

Répit de courte durée.

L'appel de l'eau est fort.

Les corps glissent doucement pour disparaître sous cette laque moirée.

Le Dragon aurait-il fait nouvelles victimes ?